Il fait chaud. Cette évidence météorologique n’a pas échappé à la sagacité de nos dirigeants, qui ont enfin dégoté une mission à leur mesure. François Bayrou s’est ainsi précipité au Centre opérationnel de gestion interministérielle des crises (Cogic) pour faire le point sur une situation qu’un simple thermomètre aurait pu expliquer : oui, il fait chaud.

Toutes les planètes s’alignent pour nous offrir un remake politique digne des plus grandes heures du Covid. Mercure qui s’affole, préfets en mode sentinelles, messages sanitaires qui tournent en boucle à la radio et éditions spéciales sur les chaînes d’info. Il ne manque plus qu’une conférence de presse de Jean Castex pour nous apprendre à brancher un ventilateur (tableau blanc à l’appui), et nous voilà replongés au cœur de la messe sanitaire quotidienne de la pandémie.

Car si nos responsables politiques sont bien incapables de dompter la fournaise, ils excellent dans l’art de la mise en scène préventive. La recette est rodée : on théâtralise à outrance pour prouver qu’on existe, puis on infantilise avec des conseils dignes d’un manuel de survie pour enfants de 5 ans.

Vive les conseils de grand-mère

Pendant que nos ministres nous expliquent doctement comment boire de l’eau fraîche et rester chez soi pendant les heures chaudes, les hôpitaux, les écoles et les Ehpad peinent à rafraîchir leurs pensionnaires. Heureusement, il est plus facile de créer un site Internet avec des conseils de grand-mère que de s’attaquer aux vrais problèmes structurels.

La palme d’or revient au site du ministère de la Santé « vivre-avec-la-chaleur.fr ». Vous y trouverez d’inestimables conseils pour vous décourager d’utiliser la climatisation – jugée insuffisamment écolo en dépit des débats sur la question – et des astuces révolutionnaires du type : « Si vous n’avez pas de ventilateur, pensez à en acheter un avant les fortes chaleurs pour l’utiliser dès que vous en aurez besoin. » Pas bête.

Mais attention, roulement de tambour, le ministère précise : « Si vous avez déjà un ventilateur, vérifiez qu’il fonctionne bien dès que les températures commencent à augmenter. S’il est abîmé, essayez d’abord de le réparer et, si ce n’est pas possible, achetez-en un nouveau. » Génial. On attend désormais le tutoriel pour apprendre à lacer ses chaussures et à mettre un bonnet quand il neige.

Oui, mouillez-vous la nuque

Cette infantilisation maximale conjuguée aux solutions bricolées finit par agacer. Nos dirigeants transforment un épisode caniculaire, évidemment préoccupant, en psychodrame national, comme s’il leur fallait prouver qu’ils servent encore à quelque chose. Hélas, cette agitation ne permet pas de faire oublier que les vrais défis – isolation des bâtiments, adaptation urbaine, rénovation énergétique – attendent toujours dans les cartons ministériels.

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L’été venu, nos responsables politiques redécouvrent avec émerveillement que le soleil chauffe (trop) et que l’asphalte fond. Plutôt que d’anticiper et d’investir dans des solutions durables, ils préfèrent jouer les professeurs de maternelle et nous rappeler qu’il faut boire quand on a soif.

Alors oui, mouillez-vous la nuque et buvez frais et gardez bien en tête cette idée : la canicule passera. À la différence de cette fâcheuse manie gouvernementale de nous prendre pour des enfants de maternelle…